L’Observatoire Féminin

Etre métisse aujourd’hui

Puisque rien ne vient jamais seul et que le travail thérapeutique fonctionne bien avec moi, je vois des pistes de réflexion partout.

Et donc, dans Elle aussi! Le Elle de la semaine dernière consacrait un article au fait d’être une femme noire dans la France d’aujourd’hui. Evidemment, je me suis sentie interpellée parce qu’il faut bien le dire, ma couleur de peau reste une question dans mon existence.  Elle me fait ne ressembler à personne de mon entourage, elle m’éloigne de ma mère, sans pour autant me rapprocher de mon père, même si elle créée du lien.

Tiens, en écrivant, il me vient une réflexion : dans une famille dite « normale », le père sert de tiers interrupteur entre l’enfant et la mère, il est la figure de l’Autre, l’Altérité, celui qui empêche la fusion et donc donne l’autonomie. En ne ressemblant pas à ma mère, serait-il possible que mon physique ait joué une partie de ce rôle? En prenant compte du fait que ce rôle n’a pas été achevé mais qu’indéniablement, les crises successives que j’ai traversé avec ma mère étaient des crises d’indépendance.
Bon, parenthèse fermée, où en étais-je?

Oui, être métisse dans ma vie. Et bien… je le sens. Et ça n’a jamais été un frein socialement. Il faut dire que j’ai tjs baigné dans un milieu de blancs, au point de me sentir blanche. Me voir métisse, pain d’épice dans le miroir, voir ces traits particuliers, ni fins, ni épais, très mélangés, c’est toujours un choc. Une surprise. Ni agréable, ni désagréable, juste une découverte quasi quotidienne.

La question de ma ressemblance se pose régulièrement, et de façon aigüe, mais elle ne se pose pas en terme de couleur de peau.
Et en fait, les questions viennent surtout des étrangers. Ils veulent savoir d’où je viens, si je viens de chez eux. Apparemment, je ressemble autant à une métisse arabe, qu’une métisse noire africaine.

Être métisse aujourd’hui, dans ma vie… C’est bien. Mais c’est particulier.

La beauté

La beauté d’une femme qui vit a quelque chose d’extrêmement énervant. C’est au moment où elle est la plus fraiche qu’on s’en sert le plus mal : maquillage outrancier et rarement réussi, étalage de chair façon boucherie, coupe et couleur de cheveux peu heureuses et conviction farouchement ancrée que « être belle, c’est capital pour être heureuse ». 

Avec le temps, la jugeotte vient et la plupart des femmes comprennent que le moto est à prendre à l’envers : « être heureuse, c’est capital pour être belle ». 

Mais le moment où on commence à comprendre ça, c’est pile le moment où cette chair fraiche l’est un peu moins, la cuisse est moins ferme, le nichon moins haut et la peau un poil plus fatiguée… Alors que c’est le moment où tout ce corps juvénile pourrait être utilisé de  la meilleure façon!

Pfffffff, c’est injuste!