La minute psy

Maintenir le cap

Une nouvelle relation, c’est la tentation de se noyer dans l’autre, surtout quand il y a des sentiments.

Pour moi, il a été tellement difficile d’être moi, de m’autoriser à être moi, d’acquérir l’estime de moi… Une de mes plus grosses craintes est de me perdre et de finir par devenir une autre femme mariée, qui pense que la vie c’est métro-boulot-dodo.

Je me surveille comme du lait sur le feu… Veux-je vivre ce que je vis? Veux-je cette situation? Est ce que c’est vraiment ça, ma vie?

12 juillet 2010 – 9h30

Voilà. Je sais. Vivement que je retourne chez mon ostéopathe de l’âme.

Je suis désemparée, comme souvent après un long travail. Je suis vide aussi, plus rien à ruminer, plus rien à souffrir. Etrange comme on s’habitue à la souffrance, à l’inconfort, comme il devient un confort, familier, agréable parce que connu; étrange comme l’inconnu fait peur même s’il semble enviable sur le papier. Sortir de sa propre cage, qu’on a honnie, mais qu’on a décoré aussi, puisqu’il le faut bien, est très compliqué même si tout vous appelle dehors.

Etre exempt d’une grosse souffrance habituelle rend fou.

Un temps.

12 juillet 2010 – 8h30

Le rendez-vous est pris. Normalement, je saurai. J’espère… J’espère…

Si je n’étais pas légitimée là-dedans, je devrais encore chercher… et je n’ai pas envie. J’ai envie d’être, enfin, à ma place au sein d’un groupe dans lequel je me reconnais et plus cet électron libre de tout, donc de rien.

Et puis, il me reste encore tellement de travail, après ça… Je ne sais pas si j’aurai assez d’une vie pour finir de nettoyer les écuries d’Augias qui me font office de conscient et d’inconscient. Et si j’ai fini mais trop tard? Et si j’avais plus le temps?

Enfin, comme de toute façon rien ne sert à quoi que ce soit, autant occuper mon temps comme ça.

Etre et dire

Selon toute probabilité, je détiens une grosse clef de ce qui m’a longtemps posé problème. Avant même d’aller vérifier de façon scientifique mon hypothèse, je me demande ce que je vais faire de cette information.

Et, de façon plutôt étonnante, je mesure déjà les effets de cette « nouvelle », qui n’est neuve que pour moi, visiblement.

Alors si jamais je l’étais, qu’est ce que ca changerait qui n’est déjà pas différent maintenant? Je l’ignore. Mais je sais que d’avoir cette hypothèse change déjà beaucoup de choses… Au point que j’en viens parfois à me demander si vraiment, j’avais un problème avant.

Certaines difficultés de l’ame sont tellement volatiles qu’elles en deviennent virtuelles, un peu comme un espuma au gout de vomi : à peine en bouche, déjà disparu, la matière est évaporée mais le souvenir du gout est bien présent.

Dire mon hypothèse, c’est avant tout ME dire que mon hypothèse est fondée. Et en fin de compte, le fond de mon problème est bien là. Non pas m’autoriser à être blanche ou noire ou mauve, mais bien M‘autoriser à Etre.

Et je pense qu’au moins ça, c’est dépassé…En partie.

J’espère.

Tout et rien

Ben voilà.

Je sais.

Un QI, c’est rien et tout. C’est « rien qu’une norme », « rien qu’une mesure, partielle », « rien que la mesure d’un certain genre d’aptitude », « rien qu’une mesure objectivable et objectivée sur une population donnée ».

C’est aussi enfin la confirmation normée de ce que je préssentais mais que je ne m’autorisais pas à penser. Comme beaucoup de choses en matière de psychologie, une fois qu’on le sait, on se demande comment on a pu l’ignorer…

Grosse vache

Truie

Poids mort

Superflue et inutile

Incapable

Baleine

Elephant

Amas graisseux

Kyste humain

Huile de friture usagée

Peggy la cochonne

Avachie

Lamantin

Rebut.

La compagne

Aujourd’hui, c’est vendredi (et j’voudrais bien qu’on m’aime).

Comme tous les vendredis, je sors de chez mon psy, à peu près à la même heure. C’est le seul moment véritablement ritualisé de ma semaine, ma séance chez mon psy. Je pars du bureau sensiblement à la même heure, je prends les mêmes transports en commun, m’arrête à la même librairie pour m’acheter ma dose de presse idiote, arrive chez mon psy, passe ma séance, ressort, prend le même tram dans lequel je finis ma lecture niaise et je rentre chez moi.

Et d’ordinaire, je téléphone à un homme sur le chemin. Ca fait aussi partie du rituel. Je sors de chez le psy et j’appelle un homme important, amour, ami, amant.

Aujourd’hui, je suis sortie de chez mon psy, et j’ai regardé mon téléphone. Avant de le remettre dans ma poche et de n’appeller personne. J’étais bien, en ma compagnie, même si mon humeur n’est pas hyper joyeuse. J’étais bien dans mon malaise, dans ma séance qui me remue encore le conscient et l’inconscient. Bien dans mon magasine idiot. Bien dans le froid, bien dans ma chair de poule, à cet arrêt de tram.

Aujourd’hui, j’ai refusé le rituel. J’ai refusé un rituel, un de plus.

Aujourd’hui, je me suis encore approchée plus près de la liberté que je revendique tant et qui est si dure à exercer.

Strabisme Convergent

S’il est bien un domaine sur lequel mes parents convergent, c’est bien… les hommes.

Ma mère m’a appris que les hommes, ca ne sert à rien, il vaut même mieux s’en éloigner, les repousser…Même si on voudrait qu’ils restent.

Mon père m’a appris que les hommes, ça partait toujours même quand on veut qu’ils restent.

Et moi… Je louche. Et je fais le grand écart entre les peurs et déceptions de ma mère, les enseignements de mon père et mes aspirations personnelles…

Voulez vous épouser…

Bon, je pense que je peux me l’avouer maintenant…j’ai peur de m’engager.

Ca fait probablement parties des raisons pour lesquelles je ne veux pas d’enfant. Cette responsabilité à vie, c’est effrayant.

Mais alors, veux-je d’un couple?

La fonction maritale parfaite

Est adultère.

Voilà comment je vois mon mari idéal. Il est parfait, mais infidèle.

Je suis donc tant que ça persuadée que je ne vaux pas la peine qu’on se consacre entièrement à moi.

Ma question est : suis-je vraiment à plaindre? Après tout, se consacrer entièrement à une personne est-il une obligation ou un leurre? Faut-il dédier sa vie à une seule personne?

Si la réponse est oui, je suis à plaindre de me sentir à ce point pas aimable que je pense ne pas mériter ça.
Mais si la réponse est non…

Mon système de pensée est construit sur cette infidélité. A vrai dire, l’infidélité sexuelle ne me fait ni chaud ni froid. Clairement, je m’en contrefous. Ce qui m’intéresse, c’est que le projet de mon compagnon soit avec moi, qu’on soit d’accord à son sujet et qu’il soit présent. S’il a le temps, à côté, d’aller lutiner d’autres gazelles… Pense-je comme ça pour accepter le fait que je me sens indigne d’un amour exclusif? Est ce que ca masque le manque de confiance en moi? Ou est ce que je suis juste, et pour un sujet de plus, complètement différente de la plupart des gens?

Si l’indicateur de mon « état » est la souffrance, je dirais que je suis juste différente. Je ne souffre pas, j’ai même plutôt confiance en moi en ce qui concerne ma capacité à séduire. Par contre, je manque cruellement de confiance en moi en ce qui concerne ma capacité à mener un couple au long court. Par ailleurs, je suppose que c’est le lot de tout un chacun de ne pas y arriver jusqu’à ce que ça marche. Suis-je dans la norme de ne pas y être arrivée à 30 ans? Devrais-je être casée depuis longtemps ou l’avoir été, pour être rassurée ou pour « assurer »?

Faut-il, veux-je ce couple à longue durée? Si non, est ce parce que j’ai peur ou parce que, là aussi, je suis différente?